Cachez ce sang....
Voici quelques semaines, j'étais gonflé à bloc, et muni de ma carte orange toute neuve, je me voyais faire un come-back en politique. Pas président de la République, bien sûr. Mais un petit poste de conseiller municipal, ou d'Adjoint au Maire, comme au bon vieux temps, m'aurait largement satisfait. Pas pour l'attrait du pouvoir, parce que l'ayant déjà accompli une fois, je sais la somme d'emmerdements que procure ce genre d'implication, le coût financier, la fatigue, le stress, les déceptions... pour une bien maigre récompense. Mais pour le plaisir que procure l'exercice de la démocratie, la gestion des deniers publics de la commune au mieux des intérêts de chacun, la mise en place d'une vraie solidarité, toutes choses que je ne faisais pas trop mal là première fois et qui finissent par me manquer, j'aurais volontiers remis le couvert...
Puis hier, j'ai pris un coup sur la tête!
Au figuré, bien entendu. Personne ne s'est avisé de me frapper. Mais plutôt, la réalité m'a agressé.
La réalité du pays dans lequel je vis et de ses habitants. La réalité de toute les vérités que l'on ne dit pas et qui n'arrivent pas à ébranler les mensonges qu'on dit.
Et là, tout d'un coup, je me suis rendu compte que je ne faisais pas le poids. D'une façon inattendue...
Je me rendais aux services techniques municipaux, pour me procurer des sacs en papier biodégradables destinés au recyclage des déchets verts.
La circulation était particulièrement dense pour un samedi matin, et le nombre de voitures garées sur les trottoirs avait de quoi surprendre. Néanmoins, je ne me suis pas posé de questions, et j'ai hâtivement et inconsciemment conclu à une quelconque brocante, ou à quelque manifestation liée à l'opération Sciences en Fête. En tous cas, dans ce secteur peu urbanisé de la commune, entre le LEP et le Stade, ce stationnement sauvage ne posait pas de réel problème, et tout me semblait normal. Et d'ailleurs, je me suis garé moi aussi à cheval sur le trottoir, sachant que mon arrêt serait de courte durée.
Deux autres personnes attendaient l'ouverture du CTM, pour se procurer les mêmes sacs. Une dame, BCBG mais sans excès, entre quadra et quinca, look mère de famille, peut-être même déjà grand-mère. Un homme sympathique, dans les mêmes âges, souriant et avenant... Bref, deux fleurons de l'électorat centre-gauche qui peuple nos banlieues-dortoirs. Des gens dont on n'attend aucun héroïsme, mais aucune bassesse non plus.
L'employé municipal finit par arriver, légèrement en retard...
Echange de politesses et de sourires. Echange de sacs en papier.
- La dame BCBG, à l'employé: "Vous allez supporter ça toute la journée?" en montrant du doigt le gymnase mitoyen.
- Lui: "Ben c'est mieux que l'année dernière. L'an dernier, on avait du leur laisser nos ateliers!"
Et une petite conversation s'ensuit entre les trois protagonistes, l'homme s'étant joint à la discussion.
J'ai du rester là à les écouter, certainement avec un sourire bête que rétrospectivement je regrette, mais en ne percutant absolument pas de quoi ils parlaient. De temps à autres, leur regard cherchait mon approbation, qu'en toute ignorance de ce dont ils parlaient, j'étais incapable de leur accorder.
- Et puis l'employé communal m'a reconnu! : "Vous êtes pas M. Sanchopansa, l'ancien Maire-Adjoint?" (Bon, soyons clairs, il m'a pas appelé Sanchopansa, ok! Mais vous voulez pas non plus que je vous donne mon numéro de carte-bleue? Si?)
- Moi : "Si, si, c'est moi."
- La dame : "Alors vous allez pouvoir me dire pourquoi le Maire autorise ça", montrant du doigt le gymnase mitoyen. Je remarque alors qu'une sorte de litanie curieuse s'échappe du gymnase, à peine reconnaissable. Rien de dérangeant, mais curieux. Je ne percute toujours pas. Je lui réponds que je n'appartiens plus à l'équipe municipale depuis 5 ans, mais que sait-on-jamais...!
En sortant du Centre Technique, j'ai jeté un coup d'oeil vers ce "scandaleux" gymnase.
Et j'ai compris deux choses.
La première, c'est que c'était la Fête de l'Aïd El Kébir, fête musulmane qui clôture le mois de Ramadan et pour laquelle l'abattage rituel d'un mouton est pratiquée.
La mairie a certainement prêté ce gymnase à la communauté musulmane pour qu'elle puisse y installer son abattoir dans de bonnes conditions, et avec un nettoyage facile après la fête. J'étais resté presque une demi-heure à coté de ce gymnase sans en concevoir aucune gène, ni même comprendre ce qui s'y déroulait.
La seconde, c'est que contrairement à ce que l'on prétend nous faire croire en diabolisant les partis nationalistes ou l'extrême droite, la xénophobie et le racisme sont partout, dans toutes les couches de la population, chez ceux-là même qui s'en défendent...
Mais ce qui a eu raison de mes derniers espoirs dans une Humanité meilleure, c'est lorsque la conversation a dévié sur les "gens du voyage", comme si ces deux inconnus, voyant en mois l'aimable gogo qui voulait leur construire un monde meilleur, avaient décider de faire la liste de toutes les nuisances que j'allais devoir éradiquer de leur quotidien.
Et encore, ces deux-là n'étaient pas méchants!
Puis hier, j'ai pris un coup sur la tête!
Au figuré, bien entendu. Personne ne s'est avisé de me frapper. Mais plutôt, la réalité m'a agressé.
La réalité du pays dans lequel je vis et de ses habitants. La réalité de toute les vérités que l'on ne dit pas et qui n'arrivent pas à ébranler les mensonges qu'on dit.
Et là, tout d'un coup, je me suis rendu compte que je ne faisais pas le poids. D'une façon inattendue...
Je me rendais aux services techniques municipaux, pour me procurer des sacs en papier biodégradables destinés au recyclage des déchets verts.
La circulation était particulièrement dense pour un samedi matin, et le nombre de voitures garées sur les trottoirs avait de quoi surprendre. Néanmoins, je ne me suis pas posé de questions, et j'ai hâtivement et inconsciemment conclu à une quelconque brocante, ou à quelque manifestation liée à l'opération Sciences en Fête. En tous cas, dans ce secteur peu urbanisé de la commune, entre le LEP et le Stade, ce stationnement sauvage ne posait pas de réel problème, et tout me semblait normal. Et d'ailleurs, je me suis garé moi aussi à cheval sur le trottoir, sachant que mon arrêt serait de courte durée.
Deux autres personnes attendaient l'ouverture du CTM, pour se procurer les mêmes sacs. Une dame, BCBG mais sans excès, entre quadra et quinca, look mère de famille, peut-être même déjà grand-mère. Un homme sympathique, dans les mêmes âges, souriant et avenant... Bref, deux fleurons de l'électorat centre-gauche qui peuple nos banlieues-dortoirs. Des gens dont on n'attend aucun héroïsme, mais aucune bassesse non plus.
L'employé municipal finit par arriver, légèrement en retard...
Echange de politesses et de sourires. Echange de sacs en papier.
- La dame BCBG, à l'employé: "Vous allez supporter ça toute la journée?" en montrant du doigt le gymnase mitoyen.
- Lui: "Ben c'est mieux que l'année dernière. L'an dernier, on avait du leur laisser nos ateliers!"
Et une petite conversation s'ensuit entre les trois protagonistes, l'homme s'étant joint à la discussion.
J'ai du rester là à les écouter, certainement avec un sourire bête que rétrospectivement je regrette, mais en ne percutant absolument pas de quoi ils parlaient. De temps à autres, leur regard cherchait mon approbation, qu'en toute ignorance de ce dont ils parlaient, j'étais incapable de leur accorder.
- Et puis l'employé communal m'a reconnu! : "Vous êtes pas M. Sanchopansa, l'ancien Maire-Adjoint?" (Bon, soyons clairs, il m'a pas appelé Sanchopansa, ok! Mais vous voulez pas non plus que je vous donne mon numéro de carte-bleue? Si?)
- Moi : "Si, si, c'est moi."
- La dame : "Alors vous allez pouvoir me dire pourquoi le Maire autorise ça", montrant du doigt le gymnase mitoyen. Je remarque alors qu'une sorte de litanie curieuse s'échappe du gymnase, à peine reconnaissable. Rien de dérangeant, mais curieux. Je ne percute toujours pas. Je lui réponds que je n'appartiens plus à l'équipe municipale depuis 5 ans, mais que sait-on-jamais...!
En sortant du Centre Technique, j'ai jeté un coup d'oeil vers ce "scandaleux" gymnase.
Et j'ai compris deux choses.
La première, c'est que c'était la Fête de l'Aïd El Kébir, fête musulmane qui clôture le mois de Ramadan et pour laquelle l'abattage rituel d'un mouton est pratiquée.
La mairie a certainement prêté ce gymnase à la communauté musulmane pour qu'elle puisse y installer son abattoir dans de bonnes conditions, et avec un nettoyage facile après la fête. J'étais resté presque une demi-heure à coté de ce gymnase sans en concevoir aucune gène, ni même comprendre ce qui s'y déroulait.
La seconde, c'est que contrairement à ce que l'on prétend nous faire croire en diabolisant les partis nationalistes ou l'extrême droite, la xénophobie et le racisme sont partout, dans toutes les couches de la population, chez ceux-là même qui s'en défendent...
Mais ce qui a eu raison de mes derniers espoirs dans une Humanité meilleure, c'est lorsque la conversation a dévié sur les "gens du voyage", comme si ces deux inconnus, voyant en mois l'aimable gogo qui voulait leur construire un monde meilleur, avaient décider de faire la liste de toutes les nuisances que j'allais devoir éradiquer de leur quotidien.
Et encore, ces deux-là n'étaient pas méchants!